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Forum de la section presse information de l'IHECS (Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales)

21 décembre 2006

Rafael Correa, président de l'Equateur

La victoire de Rafael Correa renforce
le tournant à gauche de l'Amérique latine

Après le Vénézuela de Chavez, après la Bolivie de Moralès, après le Chili de Bachelet (beaucoup plus "light" à gauche), après l'Uruguay de Vasquez, après le bordel au Mexique et la montée en puissance d'Obrador malgré la victoire du conservateur Caldéron, après le Brésil de Lula, après l'Argentine de Kirchner, c'est au tour de l'Equateur de basculer à gauche toute avec la victoire de Rafael Correa (photo), professeur socialiste d'économie âgé de 43 ans, à l'élection présidentielle de dimanche dernier. Crédité de 58% des voix, Rafael Correa et son jeune parti, l'Alianza Pais, sont arrivés largement en tête devant Alvaro Noboa, roi de la banane et homme le plus riche du pays, néolibéral, crédité de 42 % des voix (tous les bulletins n'étaient pas encore dépouillés hier soir).
Rafael Correa a étudié aux Etats-Unis et en Belgique. C'est un proche du président vénézuélien Hugo Chavez. Il s'oppose à la signature du TLC ("Tratado de libro commercio"=traité de libre échange) qui doit libéraliser les échanges entre Quito et Washington et qui est vivement contesté par la société civile équatorienne, dont des organisations puissantes telles que la CONAIE et la FMLGT. Rafael Correa s'est également prononcé pour la fermeture de la base militaire de Manta, appartenant aux Etats-Unis et constituant un point stratégique du Plan Colombie, sur la côte équatorienne du Pacifique. Il compte de même renégocier la dette extérieure, qui s'élève à 11 milliards de dollars pour 12 millions d'habitants. Au niveau interne, Correa a exprimé son souhait d'instaurer une Assemblée constituante, ce qui est urgent dans un pays où neuf citoyens sur dix affirment n'avoir aucune confiance en leurs institutions. Il doit aussi s'attaquer de front à la politique pétrolière pour pouvoir récupérer des royalties encore spolliées par les multinationales étrangères, mais également se préoccuper des conditions d'extraction de l'or noir, l'environnement étant gravement en danger dans la partie amazonienne de l'Equateur. Bref, Rafael Correa a du pain sur la planche.
Cette élection constitue une victoire certaine pour le mouvement social équatorien, qui s'oppose depuis plusieurs années aux politiques néolibérales dictées par les Etats-Unis et les institutions financières internationales. La CONAIE (Confédération des nationalités indigènes) avait déjà porté à la présidence son précédent candidat, l'ancien officier Lucio Gutierrez, trois ans auparavant. Mais à peine était-il élu que Gutierrez s'empressait de se rallier aux thèses du FMI, ce qui avait profondément déçu et divisé le mouvement social. Cette fois-ci, avec la victoire de Correa, tous les espoirs sont permis.
Rafael Correa, pourtant non indien, a été très fortement soutenu par les Amérindiens (photo Correa avec des indigènes), réalisant des scores très importants en Amazonie, dans la Sierra et dans la capitale, Quito. Ces élections confirme un enracinement à gauche dans la Cordillière des Andes, après la forte poussée de la gauche au Pérou et en Colombie.
La contestation de l'ordre néolibéral mondial est donc en marche en Amérique Latine, et l'Europe ferait bien de se pencher sur ce gigantesque laboratoire, surtout la gauche française, dont le PS qui semble d'ores et déjà sûr de sa victoire après l'intronisation de Ségolène Royal. Celle-ci s'était d'ailleurs rendue au Chili soutenir Michèle Bachelet (photo) au printemps dernier, pendant que les autres éléphants barrissaient sous la pluie de Jarnac en hommage à Tonton. L'avait-elle fait parce que Bachelet était une candidate de gauche ou bien parce que c'était une femme? La réponse numéro deux me paraît la plus probable. On attend donc une réaction de Ségo sur la Victoire de Rafael Correa en Equateur. Si elle s'en moque, cela prouve bien que son dernier voyage au Chili était purement une opération de com' et non une préoccupation géopolitique. Bah oui, faut pas rêver! C'est fini les politiques qui se préoccupent de l'avenir de la planète et qui envisagent sur le long terme les basculements géopolitiques régionaux. Bienvenue dans l'ère de la politique boutiquière et de la com' à deux balles. Monsieur Correa, si vous espérez recevoir la visite de notre future Présidente de la République, il va falloir changer de sexe.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est peut-être aller un peu vite que de qualifier Rafael Correa de "proche de Chávez".
Interviewé par la Folha de São Paulo, il s'est empressé de prendre ses distances par rapport à son encombrant homologue.

3:42 AM  
Blogger Ben Heine said...

En effet, ils se ressmblent plus par leur opposition aux Etats-Unis que par leurs caractères bien différents.

11:45 AM  

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