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Forum de la section presse information de l'IHECS (Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales)

13 juin 2007

Quand discrimination positive
rime avec ethnicisation

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(Ben Heine © Cartoons)

La Discrimination Positive
et les Dangers de l'Ethnicisation


Par Audrey Heine (*)


"L’essentialisation et l’ethnicisation génèrent
une palette de stéréotypes qui seront invoqués
pour justifier une stratification sociale défavorable
aux groupes ciblés par les mesures positives"

Discrimination positive, affirmative action, politique de traitement préférentiel, recrutement ethnique, mesures compensatoires ; dans le jargon de la lutte contre les inégalités, les termes abondent mais ne se ressemblent pas. Et pourtant, les confusions sont fréquentes. Pour beaucoup, la notion de discrimination positive renvoie exclusivement au critère ethnique. Cette association n’est pas totalement erronée dans la mesure où initialement le principe de discrimination positive visait à appliquer un traitement préférentiel à des groupes minoritaires définis à partir de critères ethniques et de genre. Mais le champ d’application des politiques de discrimination positive s’est considérablement élargi au cours du temps. De lutte spécifique contre les pratiques racistes et sexistes, cette politique est devenue un moyen pour combattre l’inégalité des chances en général. Elle vise à promouvoir une minorité définie par le sexe, la couleur de peau ou tout autre critère fondant une discrimination. Il convient donc de noter que théoriquement la discrimination positive ne devrait pas se limiter à une lecture ethnique des situations sociales et que le critère socio économique, par exemple, devrait être également et surtout pris en compte.

Mais dans les faits, on constate que l’utilisation de ce type d’actions reste assujettie à la question ethnique. Prenons par exemple les mesures de médiation qui sont proposées aux écoles s’inscrivant dans une politique de discrimination positive. Il n’est pas rare qu’elles focalisent presque exclusivement leur attention sur la différence ethnique des familles immigrée au détriment de la prise en charge des difficultés d’ordre social et économique qui concernent pourtant la plupart des jeunes issus de milieux populaires (immigrés ou pas). Or le fait de gérer les interactions sociales en se basant sur le seul critère culturel comporte le danger d’enfermer les individus dans une catégorie ethnique. On assiste alors à un phénomène « d’ethnicisation » des rapports sociaux ou plus précisément dans ce cas des relations scolaires.

Ce processus d’assignation à une catégorie qui peut découler des actions positives ne recouvre pas seulement le champ de l’ethnicité. Lorenzi-Cioldi et Buschini (2005) mettent en évidence le phénomène d’essentialisation que suscitent les mesures positives adoptées à l’égard des femmes qui poursuivent une carrière. L’essentialisation d’autrui repose sur le jugement d’une personne en fonction de son appartenance à un groupe plutôt qu’en fonction de ses qualités propres, uniques et différentes de celles d’autres personnes. Les femmes engagées grâce à des mesures positives, sont moins jugées sur leurs compétences que sur des attributs considérés comme typiquement féminins. On voit bien là les dangers de ces processus. L’essentialisation et l’ethnicisation génèrent une palette de stéréotypes qui seront invoqués pour justifier une stratification sociale défavorable aux groupes ciblés par les mesures positives. Les personnes issues de l’immigration, les femmes et d’autres sont alors cantonnés à des tâches spécifiques, où il n’est plus question pour eux de revendiquer une quelconque compensation pour un préjudice passé.



Travaillant moi-même en tant que psychologue avec des enfants scolarisés dans des zones d’éducation prioritaire, j’ai pu constater sur le terrain ce phénomène d’ethnicisation et les effets négatifs qu’il engendre. Les enfants qui veulent changer d’école s’entendent dire que leur école de la « D+ » n’a pas un niveau équivalent aux autres écoles, que ce sont des écoles pour « arabes ». Par ailleurs, il est souvent sous entendu qu’ils doivent être aidés parce qu’ils sont d’origine étrangère et qu’il leur est donc difficile de réussir « normalement ». Or la plupart des jeunes avec lesquels je travaille sont nés en Belgique, maîtrisent le français et possèdent des compétences égales à un enfant d’origine belge. Mais l’étiquette ethnique les poursuit, jusque dans leur scolarisation qui possède quelque chose de « différent », différence pour laquelle ils seront ensuite jugés et critiqués.

Et pourtant malgré les risques d’ethnicisation, la politique de discrimination positive reste l’un des moyens les plus efficaces pour contrer les inégalités. Comment alors en faire bon usage ? Dans un premier temps, il paraît opportun de garder une approche critique de son utilisation en méditant sur l’instrumentalisation dont elle peut être l’objet. Ensuite, des actions concrètes peuvent être envisagées pour limiter l’effet de stigmatisation. Ainsi, selon Sabbagh et Rosen (cités par Garner-Moyer, 2004), l’efficacité des dispositifs de discrimination positive serait fonction de leur opacité. Il s’agirait alors de dissimuler ces dispositifs afin que les groupes ciblés ne soient pas stigmatisés. Et selon les auteurs, c’est d’ailleurs ce qu’il se passe aux Etats-Unis où la Cour suprême (arrêts de juin 2003) a d’une part refusé un programme accordant 20 points de plus aux étudiants issus de minorités lors de leur accession aux universités, et a d’autre part validé un programme prévoyant une « masse critique » d’étudiants Noirs et Hispaniques sans aucune définition précise et quantification de cette masse. Cependant, une telle stratégie de dissimulation pose un sérieux problème sur le plan démocratique. Peut-on en toute impunité cacher l’application d’un traitement préférentiel ? Sabbagh (1999) propose plutôt d’envisager un changement de paradigme. Il faudrait, selon lui, passer d’une société basée sur un principe d’égalité à une société basée sur un principe d’équité. Cela permettrait de résoudre la contradiction que peuvent ressentir certains devant la coexistence des traitements préférentiels et des valeurs égalitaires qui fondent notamment la République française. Une fois ce conflit de sens réglé, il deviendrait plus facile d’accepter ce type de mesures sans blâmer les publics ciblés.

Enfin, il serait pertinent de relancer la réflexion sur la problématique de la discrimination négative. Cela suppose de prendre le problème plus en amont et de développer des moyens de lutte contre les stéréotypes et les préjugés qui mènent presque invariablement à des comportements discriminatoires. Ce combat passe avant tout par une meilleure reconnaissance de l’Autre. C’est là un idéal qui ne peut se réaliser, outre les dispositions légales évoquées ici, qu’à travers le concours de chacun d’entre nous.


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(*) Audrey Heine est Assistante dans le service de psychologie sociale de l’Université Libre de Bruxelles et Psychologue à Bouillon de Cultures, ASBL

--> Ce texte a initialement été publié sur Vues


Quelques lectures pour en savoir plus

J., Perroton (2000). Les ambiguïtés de l’ethnicisation des relations scolaires. L’exemple des relations école-familles à travers la mise en place d’un dispositif de médiation. VEI Enjeux, n° 121.

J., Costa-Lascoux (2001). L’ethnicisation du lien social dans les banlieues françaises. Revue européenne des migrations internationales, n° 2 (17), pp.123‑137.

F., Lorenzi-Cioldi et F., Buschini (2005). Vaut-il mieux être une femme qualifiée ou être qualifiée de femme ? Effets paradoxaux de la catégorisation dans la discrimination positive. In L’Autre. Regards psychosociaux.

Garner-Moyer (2004). Les enjeux de la discrimination positive. CERGORS - Observatoire des discriminations, téléchargées du site http://cergors.univ-paris1.fr.

Sabbagh, D. (1999) Les représentations françaises de l’affirmative action, La Documentation française.

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26 mai 2007

Résistance des prisonniers arabes
et palestiniens dans les prisons israéliennes

.(Ben Heine © Cartoons)
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Prisonniers palestiniens et arabes
détenus dans les prisons israéliennes :
face à la barbarie, ils résistent


Par le Centre d’Information sur la Résistance en Palestine
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24 mai 2007. Depuis 1967, Israël a arrêté près de 700.000 Palestiniens : rapport du ministère palestinien M. Abdel Nasir Ferwana, directeur du département des statistiques du ministère palestinien aux affaires des prisonniers, a présenté son dernier rapport sur la situation des prisonniers palestiniens et arabes.

Il a réaffirmé la nécessité de se mobiliser pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, comme préalable à toute trêve avec l’occupation, insistant sur le fait que les prisonniers ont été très durement touchés lors des affrontements fratricides qui ont eu lieu à Gaza. Il a réclamé des autorités palestiniennes la mise en place d’une campagne internationale pour la libération des prisonniers palestiniens et arabes.

La récente étude du département montre que :

700.000 Palestiniens ont été arrêtés depuis 1967, ce qui représente le quart de la population palestinienne de la Cisjordanie, d’al-Quds et de la bande de Gaza, occupés dès cette période.

Près de 60.000 Palestiniens ont été arrêtés au cours de l’Intifada al-Aqsa, soit depuis septembre 2000. Le nombre de prisonniers actuels détenus dans les prisons israéliennes s’élève à 10.500 prisonniers, répartis entre : 8938 prisonniers de la Cisjordanie, soit 85,1%, 840 prisonniers de la bande de Gaza, soit 8%, 520 prisonniers de la ville d’al-Quds soit 5% 140 prisonniers de la Palestine 48 soit 1,3% et près de 62 prisonniers arabes.

Ces prisonniers sont répartis sur 30 prisons et centres de détention.

365 prisonniers sont détenus depuis plus de 10 ans, soit avant les accords d’Oslo, dont 144 de Cisjordanie, le plus ancien étant le prisonnier Saïd Atabeh -56 ans- et détenu depuis le 29 juillet 1977, et 139 prisonniers de la bande de Gaza, le plus ancien étant Salim Kayyal - 55 ans - détenu dpuis le 30 mai 1983.

51 prisonniers parmi les plus anciens sont de la ville d’al-Quds, le plus ancien étant Fuad Razim, détenu depuis le 30 janvier 1981, et 22 anciens prisonniers de la Palestine occupée en 1948, le plus ancien et le plus âgé étant Sami Khalid Yunis, marié et détenu depuis l 15 janvier 1983. Il est actuellement âgé de plus de 70 ans, Et parmi les plus anciens, figurent 9 prisonniers arabes, le plus ancien étant le prisonnier Samir Kintar, détenu depuis le 22 avril 1979.

La plupart des prisonniers furent arrêtés pendant l’Intifada al-Aqsa, sauf 551 prisonniers qui étaient déjà détenus et qui le sont toujours.

Enfants détenus

Près de 6000 enfants ont été détenus depuis le début de l’Intifada al-Aqsa, 310 sont toujours en détention et représentent 3% de l’ensemble des détenus.

Parmi les enfants détenus, 4 enfants sont des détenus administratifs, ce qui signifie qu’ils ne sont accusés de rien, et 168 enfants sont arrêtés en attente de passer devant un tribunal militair, 138 enfants sont condamnés. 98 enfants prisonniers sont malades et leur état nécessite des soins urgents.

99% des enfants qui ont été arrêtés ont subi des sévices corporels, et notamment leur étouffement par des sacs, le shabeh et les coups.

500 prisonniers furent arrêtés alors qu’ils étaient enfants et ont eu 18 ans à l’intérieur de la prison.

Prisonnières palestiniennes

600 femmes ont été arrêtés au cours de l’Intifada al-Aqsa, et 116 sont toujours détenues, ce qui représente 1,1% de l’ensemble des prisonniers. Pami les prisonnières, 4 sont mineures.

Trois femmes ont accouché en prison, au cours de l’Intifada al-Aqsa : Mirvet Taha, Manal Ghanim qui ont été libérées depuis, et Samar Sbaih, qui se trouve toujours détenue avec son enfant Barrâ’, le plus jeune prisonnier dans le monde.

En février dernier, la direction carcérale israélienne a accepté que le bébé Ghada Jasir Zitawi, âgé de 7 mois, soit remis à sa mère détenue, Khawla Muhammad Zitawi. Ghada est la plus jeune prisonnière dans la monde. La loi israélienne autorise les mères de famille à garder auprès d’elles, en prison, leurs enfants, âgés de moins de deux ans.

Concernant les martyrs parmi les prisonniers palestiniens, le rapport établit que 188 prisonniers sont décédés en détention, à cause de la torture, de la négligence médicale et de l’exécution après arrestation. Parmi les martyrs tombés, 43 sont décédés à cause de la négligence médicale, 70 à cause de la torture et 75 par leur exécution après arrestation. Le martyr Yousif Qarâwî, 34 ans, de la ville d’al-Quds, est décédé le 9 mars 2007 : il avait été arrêté par les garde-frontières, gardé en détention au centre de la police dans la rue Salaheddine dans la ville d’al-Quds. Il fut torturé jusqu’à la mort.

Mais il faut rappeler que des centaines de prisonniers succombèrent après leur libération des suites des mauvais traitements et de leur état de santé qui s’était dégradé en prison.

(Source : palestinebehindbars.com)

Enlèvements massifs dans les territoires occupés

Le jeudi 24 mai, les autorités de l’occupation ont enlevé des dizaines de Palestiniens, y compris le ministre de l’enseignement, Naser Dine Shâ’er, à Nablus, et deux députés de Nablus, sheikh Hamed Bitawi et Dawud Abu Sir. Les forces de l’occupation ont également enlevé le directeur général au ministère des Travaux publics, Farid Ziyade.

A Tulkarm, le député Abdel Rahman Zaydan a été enlevé. Plusieurs membres de différents conseils municipaux ont été enlevés à la même date, dont Sheikh Wajih Qawwas, qui avait été récemment libéré, et le maire de Nablus, Adli Ayyash, le maire de Beita, au sud de Nablus, Arab Sharfa et ’Umar Ashtiye, Ramadan Shatat ainsi que Mazin Rimawi, Muhammad Huda al-Asmar, membres du conseil municipal de Bani Zayd, au nord de Ramallah.

A Al-Khalil, sheikh Sufyân Jamjum et à Nablus, sheikh Muhammad Fayyad furent également enlevés.

Le 18 mai 2007 le directeur du département de l’éducation dans la province de Silfit est enlevé, Samir Samih al-Atrash. Deux étudiants furent enlevés également, Uthman Khalil Umran, 21 ans et Anas Zir, 22 ans, tous les deux étudiants à l’université ouverte d’al-Quds.

Le 18 mai 2007, l’occupation enlève de nouveau Walid Khalid Harb et son frère, dans le village Iskaka, à l’est de Silfit. Walid Khalid Harb est un ancien détenu, ayant passé 12 ans en prison. Il avait été récemment libéré. Il était le prisonnier qui avait passé la plus longue période de détention administrative.

Le même jour, les autorités de l’occupation ont enlevé Rami Issam Sulayman, du village Marda, au nord de Silfit, après avoir saccagé le contenu de sa maison.

Une famille palestinienne lance un appel pour sauver ses enfants détenus dans les prisons de l’occupation

17 mai 007. Les deux frères de la famille Turkman sont détenus dans des conditions extrêmement difficiles, alors qu’ils sont malades. La direction de la prison refuse de les faire soigner. Le troisième frère vient d’être libéré après avoir passé deux ans et demi dans la prison de Shatta.

Il a déclaré que ses frères sont privés de tous les droits et a lancé un appel aux organisations humanitaires de faire pression sur les autorités sionistes pour les faire libérer immédiatement, à cause de leur état de santé qui s’est dégradé dangereusement en prison.

16 mai 2007. Le tribunal militaire sioniste a reporté le procès du député palestinien enlevé, Muhammad Multaq Abu Jhayshe, jusqu’au 16 juin prochain. Le bureau des députés d ela ville d’al-Khalil a protesté contre ce report et a réclamé la libération immédiate de tous les députés et ministres enlevés par l’occupant, et notamment dr. Abdul Aziz Dweik, président du conseil législatif palestinien.

13 mai 2007. La direction carcérale de l’occupation sioniste humilie le député et ancien ministre des finances, dr. Umar Abdel Raziq, en le déplaçant intentionnellement et régulièrement d’une prison à l’autre, en l’enchaînant par les pieds et les mains. Plusieurs prisonniers de Meggiddo ont fait état de la volonté des responsables de la prison d’humilier l’ancien ministre en l’enchaînant et le traînant d’une prison à l’autre et de la prison au tribunal.

Les prisonnières détenues à Telmond protestent contre leurs conditions de détention.

24 mai 2007. Source : Palestine Prisoners : palestine.prisoners@aon.at.

Dans une lettre qu’elles ont réussi à faire parvenir à leurs familles, les prisonnières du camp de Balata expliquent les conditions difficiles vécues dans la prison de Telmond. Elles décrivent l’état ignoble des cellules, les mauvais traitements des geôlières et comment l’administration pénitentiaire leur vole l’argent de la cantine, en faisant pleuvoir les amendes répressives sur elles.

Elles réclament la venue d’avocats, seul lien possible entre elles et leurs familles. Pour les prisonnières, trois mois sont passés sans qu’aucun avocat ne les ait visitées.

120 prisonnières palestiniennes sont détenues dans la prison de Telmond.

Les prisonniers de la prison du Naqab menacent d’une grève de la faim.

Ils sont 2200 prisonniers palestiniens détenus dans la prison du Naqab. Ils menacent de déclencher un grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements et les conditions inhumaines dans lesquels ils sont enfermés. Ils réclament aussi que 70 de leurs frères, isolés et réprimés, reviennent parmi eux et de cesser toutes les formes de répression collective à leur encontre.

L’occupation envahit le centre Nafha pour les prisonniers à Jénine.

Le 23 mai 2007, les forces de l’occupation ont investi le centre Nafha, centre de soutien aux prisonniers et à leurs familles, dans la ville de Jénine. Le communiqué du centre affirme que cette agression contre l’association juridique Nafha, qui apporte son soutien aux prisonniers et à leurs familles, est une violation des droits, des lois et des conventions internationales qui protègent les associations de défense des prisonniers.

Il s’agit d’une agression sur les 11 000 prisonniers palestiniens dont les conditions de détention sont inhumaines. L’association Nafha a demandé à l’Autorité Palestinienne de protester et de faire cesser ces actes de piraterie et de brigandage menés par les forces de l’occupation contre les institutions juridiques et humanitaires. Au cours de cette agression, les forces de l’occupation ont pillé le centre.

La condamnation du résistant palestinien Yousef Samir Mahmoud Sh’aiybi de Deir Ghassane

Le tribunal militaire de Ofer a condamné le jeune résistant Yousef Samir Mahmoud Sh’aiybi à la prison à perpétuité, l’accusant d’avoir planifier pour tuer un colon dans la province de Ramallah et Bireh.

Le prisonnier Sh’aiybi se trouve dans la prison de Ofer depuis son arrestation le 20/8/ 2004, et fait partie des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, branche militaire du Fath.

Le tribunal militaire de Ofer a condamné le prisonnier Nabil Ahmad Ubaidat, frère du martyr Atef Ubaydat, dirigeant des martyrs d’al-Aqsa, à onze ans de prison. Son autre frère, Nidal Ubaydat, est également détenu.

La prisonnière Faten Daraghmeh est gravement malade L’association Nafha pour la défense des prisonniers a déclaré que l’état de santé de la prisonnière Faten Daraghmeh est très préoccupant. Faten est détenue dans la prison de Hasharon dont la direction refuse d’apporter des soins à la prisonnière.

L’avocat de l’association, Sanaa Dweik, a visité la prison de Hasharon et rencontré plusieurs prisonnières, dont Qahira Saadi, Atef Alayan, Samar Sbih et Faten Daraghmeh. L’avocat a ajouté que la direction de la prison a isolé les prisonnières Ahlam Tamimi, Sanaa Shhadé et Taghrid Saadi, dans la prison de Jalame en vue d’accentuer la répression contre les prisonnières, de déstabiliser leur état moral et confisquer leurs droits garantis par les conventions internationales.

L’association Nafha lance un appel à toutes les institutions juridiques et de soutien aux femmes pour sauver les prisonnières palestiniennes et faire pression sur la direction des prisons, pour permettre à des médecins spécialistes d’ausculter les prisonnières malades et de les faire soigner, tel que le réclament les conventions internationales.

Répression accrue dans la prison du Naqab

Les forces de l’occupation ont lancé une offensive contre les prisonniers du Naqab, le 20 mai dernier. Plusieurs prisonniers ont été mis en isolement. M. Tha’ir Abu Bakr, responsable du département information du ministère palestinien chargé des prisonniers, dans la province de Jénine, a déclaré que le département a reçu des appels téléphoniques des prisonniers du Naqab, faisant état de la répression contre plusieurs prisonniers, qui ont été frappés avec des matraques et des crosses de fusil, et des dizaines ont été isolés.

M. Tha’ir Abu Bakr a ajouté que la direction de la prison a fait appel aux unités des Nahashon spécialisées dans la répression des prisonniers pour lancer cette offensive.L Les soldats de cette unité se sont vengés sur les prisonniers en déchirant leurs vêtements, en détruisant les aliments et en confisquant des effets personnels. Les prisonniers ont lancé un appel réclamant l’intervention rapide de la communauté internationale pour faire cesser ces pratiques inhumaines et barbares et l’application des conventions internationales relatives aux prisonniers.

Les prisonniers ont rapporté que depuis plusieurs mois, la direction de la prison du Naqab fait subir aux prisonniers de mauvais traitments, tout en les provoquant en leur retirant des acquis obtenus au cours des grèves et des luttes, et mène des campagnes pour les humilier et humilier leurs parents qui viennent les visiter. Et récemment, la Croix Rouge internationale a informé le ministère palestinien que la direction des prisons a supprimé les visites familiales des provinces de Jénine et Toubas vers la prison du Naqab.

Le prisonnier libéré Fawaz Maali : les prisonniers déplorent et souffrent des conflits fratricides.

22 Mai 2007 - Silfit. Il a 38 ans. Il avait été enlevé le 12 juillet 2001 en pleine nuit pour être jeté en prison. Au cours de six années de détention, il fera le tour des prisons de l’occupation : Ofer, Naqab, Meggido. Libéré le 16 mai dernier.

"Les prisonniers que j’ai abandonnés en prison souffrent de l’état de guerre fratricide, ils sont entièrement démoralisés par cette situation et réclament la cessation définitive des combats fratricides".

"Le 12 juillet 2001, à deux heures du matin, notre maison fut assaillie par un grand nombre de soldats israéliens. Ils m’ont fait sortir de la maison, ainsi que les membres de la famille, mon père, ma mère et mon petit frère. Ils ont fouillé la maison avant de m’emmener. Je fus transféré d’une prison à l’autre, et d’un interrogatoire à l’autre.

Au début, je fus emmené au centre Huwwara, puis à Ofer, où j’ai été condamné à six mois de détention administrative. Et peu après, je fus interrogé et ma détention administrative fut renouvelée quatre fois, en violation des traités internationaux et les conventions de Genève. L’occupant s’appuie uniquement sur la loi d’urgence qui avait cours à l’époque britannique.

Dans les prisons, les conditions sont difficiles. Il devient de plus en plus difficile, par exemple, de faire la liaison entre les différentes sections des prisons, les prisonniers sont de plus en plus isolés. Les prisonniers sont constamment provoqués par les geôliers qui exercent des pressions psychologiques pour détruire le moral des prisonniers.

Les prisonniers réclament et souhaitent que le dossier d’échanges des prisonniers soit mené avec un grand sens de responsabilité et par des spécialistes. Il faut prendre conseil du Hizbullah, mais aussi de Ahmad Gibril, pour que les négociations soient bien menées, car les prisonniers ont le sentiment, d’après les différentes déclarations, parfois contradictoires, que la question de l’échange n’est pas tenue fermement. Ils souhaitent que l’échange se fasse avec succès.

26 mai 2007 - Traduit et diffusé par le Centre d’Information sur la Résistance en Palestine cirepal2005@yahoo.fr

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--> Ce rapport a initialement été publié sur info-palestine.net


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6 heures pour la Palestine
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09 mai 2007

Tony Blair, le Fils Spirituel
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(Ben Heine © Cartoons)

Tony Blair… et l’ombre du père

Par Eric de Beukelaer, prêtre

Un Wonder Boy dans le bourbier irakien

« N’appelez personne votre ‘père’ sur la terre : car vous n’en avez qu’un, le Père céleste ». (Matthieu 23, 9) Cette exhortation du Christ rappelle que, si nécessaire soit-elle, toute paternité humaine – celle du géniteur, du chef, de l’ancien, du modèle,… – est de l’ordre des moyens. Son influence se doit donc d’être circonscrite. Un seul Etre nous engendre pleinement au sens spirituel du terme : le Père céleste.

Pareil message vaut aussi pour les grands de ce monde. Le mandat de Tony Blair est à cet égard riche d’enseignements. Avec la sortie de scène du fondateur du New Labour, le Royaume-Uni perd sans doute son premier ministre le plus doué depuis Winston Churchill. Aussi brillant orateur que l’homme au cigare, aussi redoutable propagandiste, aussi inclassable, aussi ambitieux, aussi moderne dans son amour de la tradition, aussi courageux dans l’adversité, … aussi fidèle dans ses alliances. Tony Blair fut même un Premier Ministre plus professionnel que son prestigieux prédécesseur, qui – lui – était plutôt un génial touche-à-tout.

Face à tant de talent, l’observateur reste avec une énigme : Quelle mouche a piqué ce Wonder Boy pour qu’il se lance tête baissée dans l’aventure irakienne ? Tant d’experts avaient averti que Bagdad était la boîte de Pandore et que celui qui ferait sauter son couvercle risquait la guerre civile. Comment comprendre que cet avocat d’une nouvelle gauche européenne se soit fait le plus solide soutien de la politique étrangère de la nouvelle droite américaine ? Comment expliquer que ce chrétien convaincu soit passé outre la désapprobation de tant de leaders religieux en ce compris le vieux pape polonais ? Une parcelle d’explication de tout ceci pourrait bien se trouver du côté de l’ombre du père de la patrie.

Churchill, l’Anglo-américain

Anthony Eden – Ministre des Affaires étrangères au cours de la seconde guerre mondiale – croyait en l’alliance française pour piloter l’Europe après la libération. Devenu Premier Ministre en 1955, il mit cette politique en œuvre en envoyant des troupes anglo-françaises occuper le Canal de Suez. Ce fut sa perte. L’Amérique et l’URSS avaient décrété que l’impérialisme européen avait vécu. Ils firent pression pour arrêter l’aventure et Eden quitta la scène politique.

Churchill pensait autrement. Après la guerre, le tombeur d’Hitler aurait pu devenir le leader de l’Europe libérée. Il n’en fut rien. Celui qui était tout à la fois petit-fils du 7e duc de Marlborough et petit-fils du self-made man américain Léonard Jérome, préféra le rôle moins glorieux de fidèle lieutenant des Etats-Unis. En effet, un des « dogmes churchillien » était sa foi indéfectible en une profonde communauté de destin unissant les peuples de langue anglaise. Comme le notera en 1953 à son propos le président Eisenhower, avec un bon sens tout militaire : « Il s’est forgé une conviction enfantine qu’un partenariat anglo-américain peut fournir la réponse à tous les problèmes ». Pour illustrer cela, qu’il me soit permis de faire trois zooms arrières :

Premier zoom, le 22 janvier 1943 à Alger. Churchill a convié le général de Gaulle pour le presser d’accepter le plan américain de gouvernement de l’Afrique française du nord. Ce projet écarte le chef de la France libre de toute responsabilité. De Gaulle tonne : « Pour satisfaire à tout prix l’Amérique, vous épousez une cause inacceptable pour la France, inquiétante pour l’Europe, regrettable pour l’Angleterre ». Ce à quoi l’Anglais rétorque à son protégé dans son français inimitable : « Si vous m’obstaclerez, je vous liquiderai ! »

Deuxième zoom, le 4 juin 1944. Churchill reçoit de Gaulle à Portsmouth afin de le mettre dans le secret du débarquement. Le Général est de fort mauvaise humeur, car aucun plan n’existe pour l’administration civile de la France libérée. Pourquoi ? Parce que Roosevelt se méfie de l’homme du 18 juin et préfère envisager une tutelle anglo-américaine sur l’Hexagone libéré. Et parce que – tout francophile qu’il soit – Churchill ne veut pas déplaire à Roosevelt. Le dîner dégénère en dispute et l’homme au cigare vocifère : « Aucune querelle n’éclatera jamais entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis du fait de la France (…) Sachez-le ! Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu’il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai toujours Roosevelt ! »

Troisième zoom, le 11 novembre 1944. Paris libéré, les deux compères réconciliés descendent les Champs-Elysées en voiture découverte sous les acclamations de la foule. Incapable de dissimuler, Churchill déclare pourtant ce jour-là au Général : « Les Américains ont d’immenses ressources. Ils ne les emploient pas toujours à bon escient. J’essaie de les éclairer, sans oublier, naturellement, d’être utile à mon pays. J’ai noué avec Roosevelt des relations personnelles étroites. Avec lui, je procède par suggestions, afin de diriger les choses dans le sens voulu ».

Blair, le fils spirituel

Mettez les paroles de Churchill dans la bouche de Tony Blair et elles gardent toute leur actualité. Il n’est évidemment pas le seul chef de gouvernement du Royaume-Uni auquel cela s’applique. La mémoire politique britannique est marquée par l’échec d’Eden et le souvenir qu’aux heures de mortel péril – face à Hitler ou Staline – le salut ne vint pas d’une alliance européenne, mais du bouclier américain. Tout Premier Ministre de Sa Gracieuse Majesté sera donc Atlantiste. Mais à des degrés divers. Même la Dame de fer fut une alliée moins docile de son vieux compagnon d’arme Reagan que le néo-socialiste Blair du néoconservateur Bush… Et ceci, malgré les gueulantes du néogaulliste Chirac. Ou quand l’histoire repasse les plats.

Certains ne voient en l’aventure irakienne qu’une guerre du pétrole ou une réponse maladroite à la menace terroriste. C’est oublier que derrière les grandes décisions, il y a aussi de grands décideurs. Voilà pourquoi, dans cette entreprise militaire il est légitime d’également déceler le désir de deux hommes d’Etat de suivre un modèle paternel : Le président américain voulant finir à Bagdad l’œuvre commencée par son père et le Premier Ministre britannique se cherchant une paternité symbolique à la mesure de son talent. J’imagine fort bien Tony Blair – à l’heure des choix cruciaux en matière de politique étrangère – contemplant le portrait de son glorieux prédécesseur accroché sur quelque mur de Downing Street et décider de diriger son pays en digne fils spirituel du Sauveur de la Nation. Les élections les plus cruciales de son mandat furent donc… les élections présidentielles américaines. La place du Premier britannique dans l’histoire eut sans doute été différente si une autre politique étrangère s’était dessinée à Washington. Il ne trainerait pas derrière lui l’aventure irakienne tel un boulet. Même pour les plus brillants d’entre les fils d’hommes, l’ombre du père se fait parfois pesante. Est-ce d’ailleurs un hasard si Tony Blair a choisi la date du 10 mai pour annoncer son retrait politique ? C’est la date d’entrée en fonction de Winston Churchill comme premier ministre en 1940. « N’appelez personne votre ‘père’ sur la terre : car vous n’en avez qu’un, le Père céleste ».

--> Cet article a initialement été publié dans La Libre Belgique

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Interview d'Elio Di Rupo : Feedback


Suite à l'interview de Thomas van der Straten d'Elio Di Rupo, voici ce que le ministre a inséré sur son propre Blog (http://www.leblogdelio.be) le 4 avril 2007 :

Un bloggeur sachant blogger

4 avril 2007

Le commentaire de GHoST m’inspire un billet. Oui merci. Même en bon bon débutant j’avais compris qu’on pouvait blogger d’un peu partout. Je n’ai juste pas de caméra dans mes bagages et je ne voyais donc pas comment répondre par vidéo aux questions de la semaine. Mon téléphone ne permet pas de filmer et je n’ai jamais caché être un débutant des multimédias.

Quelqun qui n’est pas débutant, c’est Thomas, que j’ai rencontré la semaine dernière chez moi pour me plier à ses questions. Sur son blog, il a développé une rubrique (mais vous la connaissez sûrement déjà) “pour qui allez vous voter en 2007″.

Deux impressions :

1° Un grand professionalisme (et je le dit en toute honnêteté) : il avait préparé l’entretien. Il avait je crois 3 pages de questions. Les sujets étaient variés. On a parlé fiscalité, on a parlé institutionnel, on a parlé Charleroi, on a parlé valeurs. J’apprendrai plus tard que ce blog n’est pas un “travail obligé” pour son travail de fin d’année mais une passion et une envie de faire du “journalisme autrement”.

2° Je retiens de ma rencontre avec Thomas notre conversation après l’entretien. Ainsi, même pour quelqu’un d’actif, de débrouillard, de compétent, il n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre “l’air du temps” et le regard critique sur les évènements. Je retiens le soucis que nous partageons d’une presse au regard critique mais qui fait la part des choses entre l’information et le commentaire. Pour celà, il est nécessaire que les journalistes aient un statut plus stable ce qui passe, je pense, par une meilleure rémunération. Il faut aussi qu’ils puissent agir en toute indépendance… par rapport au pouvoir économique, au main duquel les différents titres se concentrent dans notre pays…

BRAVO TOM (écouter et voir l'interview sur le Blog de Thomas)

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03 mai 2007

Fantômes et Renégats

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(Ben Heine © Cartoons)

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Fantômes et Renégats


Une pièce en 3 actes de James Petras
Présenté par Manuel Talens,
traduit par Fausto Giudice



Pour le 1er mai 2007, Journée mondiale du Travail, les traducteurs multilingues de Rebelión et Tlaxcala rendent public un projet collectif : nous offrons aux lecteurs de sept langues des traductions d’une pièce de théâtre initialement écrite en anglais par le sociologue américain James Petras.

Le texte ci-dessous est la présentation du projet par Manuel Talens, qui l’a éditée. Les lecteurs pourront cliquer en bas de cette page sur la version en pdf de Fantômes et rénégats qu’ils souhaitent télécharger.

Présentation

James Petras est une vieille connaissance des traducteurs militants de Altahrir, Basta!, Cubadebate, PeacePalestine, Quibla, Rebelión, Tlaxcala et ViaPolítica. Ses textes paraissent régulièrement sur ces sites et il y dénonce sans relâche les tragédies permanentes que le capitalisme inflige aux peuples de la planète, que ce soit sur le continent latinoaméricain – la terre qu’il aime le plus – ou en Palestine ou en Irak, ou, comme le disait Che Guevara, en tout lieu du monde où se commet une injustice.

Petras est, sans aucune doute, le paradigme de “l’animal politique” défini par Aristote dans sa Politique. Ses écrits, qui baignent toujours dans la sociologie et le marxisme, ne sont pas seulement des essais d’analyse de la réalité, mais ils s’engagent avec une certaine fréquence dans le territoire de la fiction. J’ai commencé à avoir des relations avec James Petras il y a déjà quelques années, à travers les traductions en espagnol que je faisais des articles qu’il nous envoyait à Rebelión. Mais je ne suis devenu vraiment intime avec lui qu’en 2004, quand il me fit parvenir une série de contes pour que nous en fassions un livre à offrir en cadeau de sa part aux lecteurs de langue espagnole. C’est ainsi que naquit La lengua del pueblo (La langue du peuple), publié il y a exactement trois ans, le 1er Mai 2004.

Fantômes et renégats, l’oeuvre que tu vas lire, cher lecteur, m’est parvenue par courrier électronique au début de cette année. Il s’agit d’une charge dévstatrice de Petras contre ceux qui ont été de gauche dans un passé récent et ont désormais succombé aux chants de sirène du cpaital, trahissant ainsi ceux qui sont morts pour la cause de la libération. Je suppose que notre auteur se serait contenté de ce que ses nombreux amis la traduisent en quelques langues ou, qui que sait, que se répète l’expérience réussie de La lengua del pueblo, mais en trois ans, beaucoup de chose se sont passées dans l’activisme de gauche, entre autres la naissance de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique, qui rend aujourd’hui possible une coordination multilingue auparavant inimaginable. J’ai donc proposé à Petras une édition mulltilingue, et cette proposition l’a enthousiasmé. Voici donc le fruit de notre travail.

Nous, les sept traducteurs impliqués dans ce projet, espérons que cette expérience se répètera à l’avenir, et pas seulement avec James Petras, mais aussi avec d’autres auteurs importants qui soient disposés à faire don de leur œuvre pour faire avancer la cause de la justice, de la fraternité et de la solidarité dans ce monde terrible qui est le nôtre.

Madrid, avril 2007

En cliquant sur les liens qui suivent, vous pourrez lire la pièce de James Pétras dans ses différentes traductions (documents pdf) :



Fantômes et rénegats
(Édition bilingue Anglais-Français), traduit par Fausto Giudice



Fantasmas y renegados

(Edición bilingüe Inglés-Español), traduit par Manuel Talens



Fantasmes i renegats

(Edició bilingüe Anglès-Català), traduit par Àlex Tarradellas



Fantasmi e rinnegati

(Edizione bilingue Inglese-Italiano), traduit par Mary Rizzo



Fantasmas e renegados

(Edição bilingüe Inglês-Português), traduit par Omar L. Barros Filho



Geister und Renegaten

(Zweisprachige Ausgabe Englisch-Deutsch), traduit par Isolda Bohler



Spöken och renegater
(Tvåspråkig version Engelska-Svenska), traduit par Kristoffer Larsson

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James Petras

(Ben Heine © Cartoons)

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--> La présentation ci dessus est initialement apparue sur Tlaxcala, le réseau pour la diversité linguistique


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01 mai 2007

Guernica, 70 ans plus tard...
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(Ben Heine © Cartoons)

La tragédie de Guernica
par George Steer, 27 avril 1937
Présenté et traduit par Fausto Giudice

C’était un lundi, jour de marché. Il y avait beaucoup de monde dans les rues de la petite ville de Guernica, qui comptait sept mille habitants. À 16 h 30, les cloches de la cathédrale ont commencé à sonner, et cinq minutes plus tard, le premier avion est apparu, et a lâché six bombes explosives de 250 kilos, suivies d’un chapelet de grenades. Quelques minutes plus tard, un deuxième avion est apparu. L’enfer a duré trois heures. En tout, ce sont 42 avions qui ont bombardé et mitraillé la ville, ses habitants et les environs où ils s’étaient réfugiés. Toute la ville a brûlé. L’incendie a duré longtemps. Bilan : 70% des édifices brûlés et un nombre de morts indéterminé, situé entre 800 et 1600. 70 ans plus tard, les historiens ne sont toujours pas d’accord sur le nombre de victimes de ce lundi noir qui fit de Guernica une ville-martyre et une ville-symbole , entrée définitivement dans notre mémoire collective. Les avions appartenaient à la Légion Condor allemande à l’Aviation légionnaire italienne. Nom de l’opération : Operation Rügen.

Deux hommes ont contribué de manière décisive à faire de Guernica ce symbole : George Steer et Pablo Picasso. Le premier était un jeune journaliste de 27 ans, né en Afrique du Sud, correspondant de guerre du quotidien londoniens The Times et partisan déclaré de la cause républicaine et basque. L’Espagne n’était pas son premier théâtre de guerre. En 1935,il avait été envoyé spécial en Éthiopie, qu’on appelait alors l’Abyssinie, soumise à une féroce agression italienne, ordonnée par Mussolini –le dictateur qui avait les yeux plus gros que le vente- qui accomplissait là son rêve d’Empire à coups de crimes de guerre. Déjà en Éthiopie, on avait vu des bombardements frapper une population civile désarmée. Déjà en Éthiopie, l’Occident démocratique avait trahi un peuple agressé par le fascisme.

George Steer arriva à Guernica quelques heures après le bombardement et câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre, qui parut le lendemain dans The Times, The New York Times, avant d’être repris par de nombreux journaux dans divers pays. C’est cet article qui a alerté le monde, suscitant des manifestations de protestation dans les rues de Londres et New York et déclenchant une contre-offensive médiatique des franquistes et de leurs alliés, l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Dans ces deux pays, les médias se déchaînèrent contre les « hordes bolcheviques », qui, à les en croire, avaient mis elles-mêmes le feu à Guernica avant de la quitter. Leurs mensonges ont été rapidement démentis. Le récit que l’histoire a retenu est celui de George Steer, dont une rue porte le nom à Guernica, où se dresse un buste de lui, inauguré en avril 2006.

Le second, à 56 ans, est un peintre déjà célèbre, installé en France. Il soutient la cause républicaine face à la rébellion franquiste. Celui que les Renseignements généraux (la police politique française) décriront comme un« un anarchiste considéré comme suspect au point de vue national » et comme « un peintre soi-disant moderne » - raison pour laquelle lui sera refusée la naturalisation française en avril 1940 – se met immédiatement au travail. Le résultat sera une toile monumentale de 8 mètres de long et de 3 m. 50 de haut, en noir et blanc, qui sera exposée au pavillon espagnol de l’Exposition universelle. Comme l’a dit Picasso, « La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi ».

Guernica est une leçon qui reste encore à apprendre. Les auteurs de ce crime de guerre, à commencer par le chef de la Légion Condor, le lieutenant-colonel Wolfran von Richthofen, furent fêtés comme des héros dans l’Allemagne nazie , et ceux d’entre eux qui vivent encore, coulent une paisible retraite, donnant des interviews avec une incroyable décontraction. Le bombardement de la ville sainte des Basques était une expérience grandeur nature, destinée à évaluer les capacités de l’aviation allemande à détruire une ville de manière efficace .Comme l’a dit Hermann Göring au procès de Nuremberg : « La guerre civile espagnole m’a donné l’occasion de tester ma jeune aviation et a été un moyen pour mes hommes d’acquérir de l’expérience. »

Ce crime de guerre ne fut ni le premier ni le dernier du XXème siècle. Les premiers bombardements de populations civiles avec des armes chimiques furent ordonnés par Winston Churchill sur l’Irak en 1915. Après Guernica, il y aura d’autres villes-martyres, comme Coventry, Hambourg, Dresden, Hiroshima, Nagasaki. Après l’Espagne, toute l’Europe. Après l’Europe, l’Asie, de la Palestine à la Corée, au Vietnam et au Cambodge.

Les Guernica d’aujourd’hui s’appellent Gaza, Tal Afar, Falloujah, Samarra, Najaf, mais aussi Grozny ou Kandahar. Les avions qui lâchent leurs bombes meurtrières ne portent plus la croix de fer mais les couleurs de pays « démocratiques ». Les « Rouges ennemis de Dieu » que Franco, Hitler et Mussolini prétendaient combattre pour sauver l’Occident chrétien on été remplacés par les « islamistes » et « l’Axe du Mal », qui, selon Bush, véritable Hitler de notre temps, va de La Havane à Pyongyang en passant par Caracas, Beyrouth, Damas, Khartoum et Téhéran. Et la « communauté internationale », comme elle avait été paralysée devant le martyre de l’Éthiopie puis celui de l’Espagne, est aujourd’hui pire que paralysée devant le martyre de la Palestine, de l’Irak, de l’Afghanistan, elle est complice des centaines de Guernica qui se répètent sous nos yeux fatigués, jour après jour.

Lisez le reportage de George Steer. Il dit, en peu de mots, l’essentiel.
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La tragédie de Guernica
Une ville détruite par une attaque aérienne
Un témoin oculaire raconte

De notre envoyé spécial, George Steer, Bilbao, le 27 avril 1937


Guernica, la plus ancienne ville des Basques et le centre de leur tradition culturelle, a été complètement détruite hier après-midi par des raids aériens des insurgés. Le bombardement de cette ville ouverte située loin derrière les lignes a pris exactement trios heures et quart, durant lesquelles une puissante flotte aérienne consistant en trois types d’avions allemands, des bombardiers Junkers et Heinkel et des chasseurs Heinkel, n’a pas cessé de déverser sur la ville des bombes pesant 1000 livres et moins et , selon les calculs, plus de trois mille projectiles incendiaires de deux livres chacun. Les chasseurs, pendant ce temps, opéraient des piqués sur la ville et ses alentours pour mitrailler la population civile qui s’était réfugiée dans les champs.

Tout Guernica s’est rapidement retrouvée en flammes, à l’exception de la Casa de Juntas historique, qui contient les riches archives de la race basque, et où l’ancien Parlement basque siégeait. Le fameux chêne de Guernica, aussi bien la vieille souche desséchée de 600 ans que les nouvelles pousses, a été aussi épargné. C’est là que les rois d’Espagne faisaient le serment de respecter les droits démocratiques (foros) de Biscaye et en retour recevaient la promesse d’allégeance en tant que suzerains, avec le titre démocratique de Señor et non de Roi de Biscaye. La majestueuse église Santa Maria a été aussi épargnée, à l’exception de son beau chapitre, qui a été frappé par une bombe incendiaire.

À 2 h ce matin, quand j'ai visité la ville, le spectacle était terrifiant. Guernica brûlait d'un bout à l'autre. Les reflets de l'incendie pouvaient être vus sur les nuages de fumée au-dessus des montagnes à 16 km à la ronde. Pendant toute la nuit, des maisons s'écroulèrent au point que les rues étaient encombrées d'importants débris rougeoyants et infranchissables. Beaucoup de survivants civils ont pris le long chemin de Guernica à Bilbao dans d’antiques chars à bœufs basques aux roues solides. Des chars sur lesquels s’empilaient tout ce qui avait pu être sauvé des maisons après la conflagration ont encombré les routes toute la nuit.

D’autres survivants ont été évacués dans des camions du gouvernement, mais beaucoup ont été forcés de rester aux alentours de la ville en feu, couchés sur des matelas ou à la recherché de parents et d’enfants égarés, tandis que des unités de pompiers et de la police motorisée basque, sous la direction personnelle du ministre de l’Intérieur, Señor Monzon,et de sa femme, continuaient les opérations de secours jusqu’à l’aube.

La cloche de l’église sonne l’alerte

Le raid sur Guernica n’a pas de précédent dans l’histoire militaire, aussi bien par la forme de son exécution que par les dimensions des destructions perpétrées, sans parler de l’objectif choisi. Guernica n’était pas un objectif militaire. Une usine de matériel d e guerre à l’extérieur de la ville n’a pas été touchée. Ce fut aussi le cas des deux casernes qui se trouvaient à quelque distance de Guernica. Celles-ci étaient loin derrière les lignes de combat. La ville est loin derrière les lignes. L’objectif du bombardement était apparemment de démoraliser la population civile et de détruire le berceau de la race basque. Tous les éléments militent en faveur de cette interprétation, à commencer par le jour choisi pour ce forfait.

Lundi était le jour traditionnel de marché à Guernica pour toute la région. À 16 h 30, quand le marché était plein et que des paysans continuaient d’y arriver, la cloche de l’église a commencé à sonner l’alerte : des avions approchaient. La population a cherché refuge dans des caves et dans des tranchées-abris qui avaient été creusées suite au bombardement de la population civile de Durango le 31 mars, qui a ouvert l’offensive du Général Mola dans le Nord. On dit que les gens ont montré un grand courage. Un prêtre catholique a pris les choses en main et un ordre parfait a été maintenu.

Cinq minutes plus tard, un bombardier allemand isolé est apparu, faisant des cercles à basse altitude au-dessus de la ville, puis a lâché six bombes lourdes, visant de toute apparence la gare. Les bombes, suivies d’une pluie de grenades, sont tombées sur un ancien institut et sur les maisons et les rues l’entourant. Puis l’avion est reparti. Cinq minutes plus tard, est arrivé un second bombardier, qui a lâché le même nombre de bombes sur le centre de la ville. Environ un quart d’heure plus tard, trois Junker sont arrivés pour continuer le travail de démolition, et dès lors, le bombardement a gagné en intensité et a continué sans répit, ne cessant qu’à l’approche de la nuit à 19 h 45. Toute cette ville, qui comptait 7000 habitants plus 3,000 réfugiés, a été lentement mais sûrement réduite en pièces. Sur un rayon de 8 km, un détail de la technique des attaquants a consisté à bombarder des fermes isolées. Dans la nuit, celles-ci brûlaient comme des chandelles sur les collines. Tous les villages alentour ont été bombardés avec la même intensité que la ville elle-même et à Mugica, un petit hameau à l’entrée de Guernica, la population a été mitraillée pendant quinze minutes.

Rythme de mort

Il est pour le moment impossible de dire le nombre de victimes. Dans la presse Bilbao ce matin, on peut lire qu’il est “heureusement faible” mais il est à craindre que cela ne soit une litote destinée à ne pas alarmer le grand nombre de réfugiés à Bilbao. À l’hôpital Josefinas, qui a été l’un des premiers endroits bombardés, tous les 42 miliciens qu’il hébergeait ont été purement et simplement tués. Dans une rue descendant la colline depuis la Casa de Juntas j’ai vu un endroit où l’on m’a dit que 50 personnes, presque toutes des femmes et des enfants, ont été piégées dans un abri antiaérien sous une masse de décombres en flammes. Beaucoup de gens ont été tués dans les champs et en tout, les morts pourraient être plusieurs centaines. Un prêtre âgé nommé Aronategui a été tué par une bombe alors qu’il portait secours à des enfants dans une maison en flammes.

La tactique des bombardiers, qui pourrait intéresser des étudiants en nouvelle science militaire, était la suivante : premièrement, des petits groupes d’avions lancent des bombes lourdes et des grenades à main sur toute la ville, choisissant zone après zone de manière ordonnée. Puis arrivent des chasseurs volant en rase-mottes pour mitrailler les gens qui courent paniqués hors des tranchées-abris, dont certaines avaient été pénétrées par des bombes de 1000 livres, qui font des trous de 25 pieds (7,62 m.). Beaucoup de ces gens ont été tués alors qu’ils couraient. Un grand troupeau de moutons qui avaient été amenés au marché ont aussi été tués. L’objectif de cette manœuvre était apparemment de pousser la population à aller sous terre de nouveau, car aussitôt après pas moins de 12 bombardiers sont apparus en même temps pour lâcher des bombes lourdes et incendiaires sur les ruines. Le rythme de ce bombardement d’une ville ouverte était, donc, logique : d’abord des grenades à main des bombes lourdes pour déclencher la panique puis les mitraillages pour les forcer à se cacher sous terre, et enfin des bombes lourdes et incendiaires pour détruire les maisons et les brûler au-dessus de la tête des victimes.

Les seules contre-mesures que les Basques pouvaient prendre, car ils ne possèdent pas suffisamment d’avions pour faire face à la flotte insurgée, étaient celles fournies par l’héroïsme du clergé basque. Ils bénissaient et priaient pour la foule agenouillée – socialistes, anarchistes, communistes aussi bien que croyants déclarés – dans les tranchées-abris qui s’effondraient.

Quand je suis entré dans Guernica après minuit, les maisons s’effondraient de toutes parts, et il était absolument impossible même pour les pompiers d’entrer dans le centre de la ville. L’hôpital Josefinas et le Couvent Santa Clara étaient des tas de braises rougeoyantes, et les quelques maisons encore debout étaient condamnées. Quand j’ai visité à nouveau Guernica cet après-midi, la plus grande partie de la ville brûlait encore et de nouveaux incendies avaient éclaté. Environ 30 morts étaient allongés dans un hôpital en ruines.

Un appel aux Basques

L’effet du bombardement de Guernica, la ville sainte basque, a été profond et a conduit le Président Aguirre à publier la déclaration suivante dans la presse basque de ce matin : « Les aviateurs allemands au service des rebelles espagnols ont bombardé Guernica, brûlant la ville historique vénérée par les Basques. Ils ont voulu nous blesser dans le plus sensible de nos sentiments patriotiques, donnant clairement à voir ce à quoi Euzkadi peut s’attendre de la part de ceux qui n’hésitent pas à nous détruire dans le sanctuaire même qui nous rappelle les siècles de notre liberté et de notre démocratie.

Face à cet attentat, nous tous Basques devons réagir avec violence, jurant du fond de notre coeur de défendre les principes de notre peuple avec tout l’entêtement et l’héroïsme requis. Nous ne pouvons cacher la gravité de ce moment, mais l’envahisseur ne pourra jamais emporter la victoire si, élevant nos
esprits à des sommets de force et de détermination, nous nous armons pour sa défaite.

L’ennemi a avancé en beaucoup d’endroits pour ensuite être repoussé. Je n’hésite pas à affirmer que la même chose va se passer ici. Puisse l’attentat d’aujourd’hui nous stimuler à le faire de toute urgence. »

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--> Texte original Original : timesonline

--> Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.
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20 avril 2007

Une société aliénée
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(Ben Heine © Cartoons)

USA, une société aliénée -
L’historien Howard Zinn commente la tuerie en Virginie

Luca Galassi, 18 avril 2007
Traduit par Fausto Giudice


Affligé, mais pas étonné : . Howard Zinn, l’un des plus grands historiens des USA, a accueilli avec une profonde tristesse la nouvelle du massacre à Virginia Tech, à Blacksburg, mais n’est pas surpris par l’événement.

Pourquoi, Monsieur Zinn?

Aux USA, il y a une culture de la violence perpétuée par la télévision, le cinéma, le militarisme de ce pays. Ce pays est mêlé à une énorme violence au Moyen-Orient et possède trop de bases miliaires dans le monde entier. La philosophie de l’actuelle administration est d’utiliser la violence pour résoudre les problèmes du monde. Notre gouvernement est drogué de violence. Il l’utilise fréquemment et avec des effets dévastateurs, il alimente une culture qui considère la violence comme normale et la perpétue dans les jeux vidéo, à la télé, dans les films. En même temps, il y a des lois qui autorisent les gens à porter des armes. Pas seulement des armes de chasse, mais surtout des armes automatiques, qui peuvent tuer énormément de gens en très peu de temps. Tous ces facteurs rendent inévitable la répétition d’événements comme la tuerie de Blacksburg, à savoir des gens qui se promènent aux USA avec une arme automatique et tuent n’importe qui. Malheureusement, ce n’est pas une chose surprenante.

Ce qui s’est passé n’est pas peut-être seulement le reflet du militarisme et de la violence, c’est aussi le résultat de lois qui permettent de se procurer une arme assez facilement. Est-ce que vous abrogeriez le deuxième amendement de la Constitution américaine ?

Il n’y a pas besoin d’abroger le deuxième amendement. À l’époque où la Constitution a été élaborée, les armes automatiques n’existaient pas. Mais les gouvernements non plus n’existaient pas, avec leur dose de violence. La Constitution est constamment interprétée et réinterprétée, et aujourd’hui le deuxième amendement signifie ce que Bush et son gouvernement veulent bien qu’il signifie. Je le répète : à l’époque, cette norme permettait l’autodéfense dans un pays qui sortait d’une guerre civile. D’après moi, il n’y a pas de problème constitutionnel. Le problème est politique, il s’agit de garantir qu’on aura les voix des membres de la National Rifle Association, qui a un pouvoir énorme sur les médias, qui possède des compagnies aériennes et ainsi de suite. La question est donc tout simplement celle-ci : le désir opportuniste de Bush de gagner ces voix et le refus d’imposer l’interdiction de la vente d’armes.

Vous pensez que s’il y avait une telle interdiction, le nombre de morts diminuerait, ou est-ce que vous croyez qu’un changement culturel général est nécessaire pour atténuer la violence de la société américaine ?

Je pense que les deux choses sont nécessaires. Il faut interdire la vente et il faut changer ce qui est enseigné aux enfants à l’école, changer ce qu’ils voient à la télévision. Celle-ci, au lieu de montrer des héros qui tuent les soi-disant méchants, devrait plutôt montrer des héros qui refusent l’usage de la violence, de héros qui peuvent agir et vaincre sans être nécessairement violents. La culture des armes contribue à rendre la société violente, mais une grande responsabilité doit être imputée aussi à une société qui produit l’insatisfaction, le malheur et l’aliénation chez les adolescents. Pour beaucoup de jeunes, il n’y a pas d’autre opportunité que l’engagement volontaire (dans l’armée). Et ça, c’est le motif de l’aliénation profonde des nouvelles générations américaines.

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Original : Peacereporter
Howard Zinn, né en 1922 à Brooklyn dans une famille ouvrière, a été aviateur durant la deuxième Guerre mondiale, avant de devenir un opposant farouche à la guerre. DIplômé de l’Université de Columbia, il commence sa carrière d’historien en 1956. Son engagement dans les mouvements sociaux, pour les droits civiques et contre la guerre, lui vaut pas mal d’ennuis. En 1962 Zinn est à l’Université de Boston, où il devient l’un des porte-paroles les plus entendus du mouvement contre la guerre du Vietnam. Il est aujourd’hui considéré comme le plus important historien progressiste des USA et une voix écoutée du pacifisme inetrnational.
Son Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 a nos jours a été vendue à plus d’un million d’exemplaires aux USA. En français, on peut aussi lire de lui L'impossible neutralité : Autobiographie d'un historien et militant
Traduit de l’italien par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique.

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