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Forum de la section presse information de l'IHECS (Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales)

20 février 2007

France/Liban: le récit d’une Bérézina diplomatique

(Ben Heine © Cartoons)

Par René Naba (*)

La France, qui a accueilli le 25 janvier 2007 la conférence des pays donateurs du Liban en vue de résorber le déficit abyssale de la dette publique libanaise générée principalement par la politique spéculative de l‘ancien premier ministre Rafic Hariri (40 milliards de dollars, (soit 180 pour cent du PNB) durant ses dix ans de pouvoir, lui consacre une exposition à l’Institut du Monde arabe (IMA), à partir du 14 février, date commémorative du deuxième anniversaire de son assassinat.

Cette exposition apparaît comme un ultime hommage posthume de la part de son grand ami, le président Jacques Chirac à la veille de la fin de son mandat présidentiel.

Petite piqûre de rappel historique de cette relation singulière dans les annales diplomatiques internationales, une relation marquée par une patrimonialisation des rapports d’État au bénéfice de ces deux hommes arrivés quasi-simultanément au pouvoir à Paris et à Beyrouth.

1) La lévitation

Que les amateurs de conte de fées se détrompent: la jonction de Rafic Hariri avec la France n’est nullement le fruit du hasard. Elle résulte d’une double conjonction: la conjonction des intérêts des états, ceux de la France et de l’Arabie saoudite, les principaux soutiens de l’Irak dans sa guerre contre l’Iran (1979-1988), la conjonction des intérêts des personnes, ceux du Maire de Paris, candidat à la présidence française et de l’homme d’affaires libano saoudien, candidat au poste de premier ministre à Beyrouth. Cette double conjonction donnera à la relation Chirac Hariri une tournure singulière pour atteindre son paroxysme avec la présence simultanée des deux hommes au pouvoir à Paris et à Beyrouth entre 1995 et 1998, conditionnant pour une large part les relations franco-libanaises de la dernière décennie du XX me siècle et sans doute au delà.

Tout commence au début de la décennie 1980, au paroxysme de la guerre froide, de la rivalité soviéto-américaine et de la montée en puissance du fondamentalisme islamique. La révolution khomeyniste triomphait en Iran (février 1979), le sanctuaire de La Mecque, un des hauts lieux saints de l’Islam, était pris d’assaut part les militants islamistes, (Octobre 1979) et le président égyptien Anouar El-Sadate, qui avait pactisé avec Israël, était assassiné deux ans plus tard, en octobre 1981. La France, qui n’avait pas encore réintégré le giron de l’Otan, comptait parmi les acteurs du jeu diplomatique régional, et, l’Arabie Saoudite, fidèle à elle-même, était déjà le principal bailleur de fonds des équipées pro-occidentales. Sur fond de conflit irako iranien naissant, les deux pays scellent leur coopération sur le terrain, dans l’affaire de La Mecque, où les super gendarmes français du GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) prêtent main forte aux Saoudiens pour «neutraliser» les assaillants anti-monarchiques.

Se délestant du bénéfice de l’hospitalité qu’elle avait accordée au guide de la révolution islamique iranienne, l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny à Neauphle-le-château (région parisienne), la France, sous l’impulsion du lobby militaro pétrolier, véritable maître d’oeuvre de la politique pro irakienne depuis la décennie 1970 sous tous les présidents français successifs, devient le principal partenaire militaire occidental de Bagdad, et, l’Arabie Saoudite, son principal soutien financier. «Co-bélligérants» auprès de l’Irak, les deux pays se retrouvent en porte-à-faux avec le noyau dur du monde arabo-musulman, inexorablement en butte à son hostilité en Irak face à l’Iran, au Tchad face à la Libye et surtout au Liban face à la Syrie.

Zone d’influence traditionnelle de la France et de l’Arabie Saoudite, le Liban est de surcroît le point de fixation des conflits régionaux, les deux pays vont là aussi faire cause commune, l’un en sa qualité de protecteur traditionnel des chrétiens, l’autre en sa qualité de parrain des sunnites, pour assurer la promotion d’un «produit de synthèse», un «homme de synthèse», au motif de sauvegarder l’ancienne formule libanaise de coexistence islamo chrétienne et de maintenir le Liban dans le giron occidental, «le port de Beyrouth sous le contrôle de l’Occident», selon l’expression du général Alexander Haig, secrétaire d’état durant le siège de la capitale libanaise en juin 1982.

L’ambassadeur Louis Delamarre, en 1981 à Beyrouth, 58 soldats du contingent français de la Force multinationale occidentale (attentat du PC Drakkar, le 23 octobre 1983 à Beyrouth), tout comme les 13 morts et les 250 blessés des 10 attentats de Paris (1985-86), ainsi que le général Rémy Audran, «Monsieur Irak» de la Direction Générale de l’Armement (DGA) et l’universitaire Michel Seurat, en 1988, paieront de leur vie au titre des «dommages collatéraux» le prix de cette politique dont le bilan au terme de la décennie 1980 se révèlera calamiteux tant pour l’Irak, que pour la France, par ricochet pour le Liban et pour l’Arabie Saoudite: L’Irak se perdra, la France perdra l’Irak et son aura, le Royaume wahhabite tombera sous la coupe américaine entraînant dans sa chute le golfe pétro monarchique. Les deux anciens «co-belligérants» seront rétrogradés au Liban au bénéfice des Etats-Unis et de la Syrie, la coexistence libanaise sera sauvegardée, mais dans un contexte nouveau, sous une nouvelle formule et sous un nouveau parrainage. Le Royaume saoudien devra, lui, pour desserrer l’étau américain, normaliser ses relations avec son éternel rival, l’Iran.

La course éperdue vers la conquête des «marchés du siècle» par la «bande des quatre» de l’armement (Dassault, Thomson, Aérospatiale, Matra Lagardère), aiguillonnée par la Compagnie Française des Pétroles (CFP Total), la griserie procurée par les juteux contrats civils et militaires (1), de l’ordre de sept cents milliards de FF pour l’Irak en quinze ans, brouillaient quelque peu la visibilité à l’époque: la coopération franco-haririenne prend donc de l’ ampleur, en 1982, dans la foulée de l’effondrement militaire irakien face à l’Iran lors de la bataille de Khorramchahr (Mai 1982) et de la débâcle occidentale suivant l’invasion israélienne du Liban (Juin 1982). Poisson pilote du Royaume Wahhabite, Rafic Hariri prend la relève de la diplomatie occidentale défaillante après la chute de Beyrouth Ouest aux mains des milices musulmanes, en février 1984, et se livre à une sorte de diplomatie volante pour mettre sur pied une conférence interlibanaise de réconciliation à Genève, puis à Lausanne en Mars 1984.

Paris lui apporte un appui résolu, envisageant un moment -l’idée avait été émise par François de Grossouvre, ancien conseiller du président François Mitterrand- de parrainer la réconciliation libanaise à bord d’ un porte-avions de la marine française. Par ricochet, la France décroche deux importants contrats militaires en Arabie saoudite d’une valeur globale de 49 milliards de FF, dont le fameux contrat de défense antiaérienne Shahine, d’un montant de 35 milliards de FF. Ce marché, conclu en 1984, l’année de la conférence de Lausanne, apparaîtra comme une rétribution déguisée saoudienne à l’implication de la France dans les conflits du Moyen-Orient, la préfiguration des contrats de compensation conclus par les pétromonarchies en 1991-1992 après la seconde guerre du Golfe contre l’Irak. Au delà de sa dimension diplomatique et militaire, ce contrat, hors de proportion des besoins du Royaume, aura eu le mérite de générer une commission de 3,5 milliards de FF équitablement répartie entre partenaires Français et Saoudiens (2).

Celui qui n’était alors qu’un homme d’affaires prospère prend alors une stature régionale et tandis que le Golfe est déstabilisé par la guerre irako iranienne, procède à son redéploiement international. Paris devient sa terre d’élection. Le lien s’affirme véritablement deux ans plus tard sous le gouvernement de Jacques Chirac (1986-1988) à l’époque de la première cohabitation socialo gaulliste, une période trouble, ponctuée par la vague d’attentats de Paris et la prise d’otages français à Beyrouth. Artisan de la coopération stratégique avec l’Irak, en 1974, le premier ministre français bénéficiait de surcroît auprès des pétromonarchies du golfe d’un capital de sympathie, survivance de l’héritage gaulliste.

La relation d’affaires interétatique prend alors une touche plus personnelle entre deux hommes animés d’une même ambition, la conquête du pouvoir suprême. La contribution de Rafic.Hariri à la libération d’otages français du Liban sera mentionnée aux côtés d’autres membres de la filière franco-libanaise, gravitant autour de Charles Pasqua, ministre de l’intérieur de l’époque et de son assistant Jean-Louis Marchiani.

Représentant la quintessence du clientélisme libano africain du réseau chiraquien, cette filière, d’une combinaison étonnante, groupait des notables chiites d’Afrique, Najib Zaher (Côte d’Ivoire), le Cheikh Zein et Ibrahim Baroud (Sénégal), faisant office en la circonstance d’intermédiaires auprès de leurs coreligionnaires libanais et iraniens, l’homme d’affaires cosmopolite Alexandre Safa, le médecin franco-libanais néo-gaulliste Razah Raad et le sempiternel M.Bons Offices des liaisons franco-libanaises, l’évêque grec orthodoxe Ghofril Salibi et son coréligionnaire, le millionnaire Issam Pharès, ainsi que Anthony Tannoury. Le concours de Rafic Hariri au dénouement de l’affaire n’a pu être établie de manière formelle. Mais -pur hasard?- la remise en liberté d’otages français a souvent coïncidé avec des opérations humanitaires du milliardaire libanais, sous forme de distribution de vivres et de biens dans les régions nécessiteuses de Beyrouth Ouest contrôlée alors par les milices musulmanes.

L’homme d’affaires accompagne ses premiers pas en politique internationale par une restructuration de ses entreprises et leur recentrage sur l’Europe. Il fonde en France son «Holding de participations et d’investissements (HPI)» au capital de 200 millions de FF et regroupe à Paris la totalité des activités de ses sociétés en Europe: Saudi-Oger, Fradim et la Fondation Hariri. Elargissant le cercle de ses relations, il noue des relations avec la classe politique française toutes tendances confondues au point d’obtenir son inscription à l’annuaire diplomatique français, sur le quota de l’Arabie saoudite au titre de 3me conseiller, se conférant ainsi une immunité diplomatique, avec en prime la régularisation de la situation de Radio Orient, qui émettait depuis sa fondation en 1980 dans des conditions d’illégalité.

A l’intention des socialistes, de retour au pouvoir en 1988, il soulagera la trésorerie défaillante de l’Institut du Monde arabe (IMA) en injectant dans ses caisses 15 millions de dollars. Il lui fera également don d’une banque de données sur le Monde arabe. Par un juste retour des choses, le président de cet établissement, M.Edgar Pisani, ancien ministre gaulliste, sera un très actif conseiller socialiste du président François Mitterrand au moment de l’attribution de Radio Orient à Hariri par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) en 1991. Le milliardaire libano saoudien prêtera aussi main forte aux financiers français pour sauver de la déconfiture la Saudi Bank à Paris vidée de sa trésorerie par des sorties inconsidérées d’argent de la coterie royale. L’ardoise, imputable selon la terminologie officielle, à des créances dépréciées sur des pays lourdement engagés du tiers monde, s’est élevée à 2,1 milliards de FF.

Intervenant dans la foulée de la défaillance de deux autres banques arabes de Paris, -la Banque de Participation et de placement et l’United Banking Corporation- la déconfiture de la banque saoudienne risquait de mettre en question la fiabilité de Paris en tant que place financière et plate-forme politique de M.Hariri, à l’effet de contrarier les projets du futur premier ministre libanais.

Le milliardaire d’origine libanaise paiera rubis sur ongle. Il sera couvert de louanges pour une opération de fausse philanthropie qui répondait avant tout à des considérations de haute stratégie personnelle, puisqu’elle lui donnait l’occasion de voler au secours du pavillon saoudien malmené, d’éponger les dettes de ses bienfaiteurs et de s’acquitter en même temps d’une dette de gratitude à leur égard, de sauvegarder enfin la réputation de la place financière de Paris et de consolider ainsi ses assises politiques parisiennes. Le retour sur investissement sera immédiat.

En 1990, c’est le début de la mise sur orbite politique de Rafic Hariri, un impératif pour les Saoudiens soucieux d’assurer la relève de l’Islam sunnite libanais déclinant avec la guerre du Liban. Un impératif aussi pour la France qui se prête de bonne grâce à l’opération, avec d’autant plus d’empressement qu’ elle est à la recherche d’un nouveau partenaire arabe à substituer à l’Irak qu’ elle venait de perdre sans compensation avec la 2me guerre du Golfe. Un impératif également pour Jacques Chirac, profondément déstabilisé par sa 2me défaite électorale face à François Mitterrand dans la compétition présidentielle. Avec le même empressement, le Maire de Paris ouvre les portes de sa ville à Rafic Hariri pour faire de la capitale française le tremplin politique du futur premier ministre libanais.

Fradim et les enfants chéris du chiraquisme, Cogedim et Dumez, opèrent côte à côte dans de grands projets de rénovation urbanistique dans les quartiers huppés de Paris et sur la Côte d’Azur. Immobiliers d’entreprise, hôtellerie, habitation de luxe, innovation immobilière, notamment pour le groupe Hariri la construction de l’hôtel Sheraton de l’aéroport de Bruxelles, la réhabilitation de l’hôtel particulier Van Dyck, celle de l’ancien siège de Vallourec, rue Spontini, dont il fera le nouveau siège parisien de son holding, l’acquisition du Monte-Carlo Palace (principauté de Monaco) pour 400 Millions de FF en 1989, et de la résidence de Gustave Eiffel, place du Trocadéro, dont il fera son pied à terre parisien: Rien ne résiste à ce trio d’enfer. Cogedim et Dumez s’ associent dans la première Z.A.C privée de Paris -ZAC Paris Porte Maillot- (3) et le président de COGEDIM, Michel Mauer, précédera de trois ans André Kamel, directeur international de Dumez, en prison pour fausses factures.

Le total des investissements immobiliers du groupe Hariri en France en une décennie (1980-90) est estimé alors à près de 70 milliards de FF, soit le quart des exportations civiles françaises annuelles vers le royaume saoudien, hors contrats militaires. Tandis que leurs anciens alliés communs irakiens pliaient bagages, M. Hariri y installait son PC de campagne en prévision de sa conquête du pouvoir deux ans plus tard en 1992. Un centre de documentation est aménagé à proximité des Champs Elysées pour son équipe de conseillers, à quelques pas d’une ambassade du Liban restaurée à grand frais sur ses deniers personnels pour son nouvel occupant, Johnny Abdo, ancien chef du 2ème bureau de l’armée libanaise, ambassadeur en titre mais officieux chargé de mission de Rafic Hariri auprès des milices chrétiennes libanaises.

Pour cet ancien comptable de Saida, qui dû payer son tribut à la famille royale saoudienne, cette consécration est la justification de tous ses sacrifices. Elle sera vécue comme un sacre et marquera le début d’une lévitation politique qui se prolongera pendant près d’une décennie.

Planche de salut pour la politique arabe de la France, ballon d’oxygène pour les néo-gaullistes et les entreprises françaises dans le Golfe, Rafic Hariri sera l’objet d’égards particuliers. Comme par anticipation d’un désir, il se verra gratifier d’un cadeau royal: Radio Orient, la plus ancienne et la plus importante radio arabophone d’Europe continentale, installée à la fréquence de son choix, avec un émetteur au sommet de la Tour Eiffel à la puissance de son choix (1.000W), avec des relais (500W) dans des villes-charnières, Annemasse pour la Suisse, Lyon pour la jonction méditerranéenne et Bordeaux pour la façade atlantique, pour des émissions en continu (24H/24) sur un rayon d’action couvrant l’espace français jusqu’aux parages de la ville hautement symbolique de Poitiers.

Cas unique dans les annales des grandes démocraties, Rafic Hariri sera d’ailleurs le seul chef du gouvernement étranger à disposer d’une radio privée dans une métropole occidentale. Ce privilège qui traduit l’importance primordiale que revêt désormais le milliardaire libano saoudien aux yeux de la France, est apparu d’autant plus exorbitant qu’il ne s’est accompagné d’aucune mesure de réciprocité pour une radio française à Beyrouth. Il sera néanmoins maintenu en dépit des protestations répétées des auditeurs déplorant le rôle de relais de cette radio de sensibilité saoudienne dans la retransmission des sermons rigoristes du conservatisme wahhabite vers une population en butte à l’intégrisme islamique.

Comme emportée par un tourbillon, la classe politique française sera atteinte, à son tour, de «Hariromania» au point que les pouvoirs publics caresseront même l’idée de lui céder partiellement ou totalement RMC Moyen-orient, principal vecteur français vers le monde arabo-musulman, sans se préoccuper de priver la France d’un instrument d’accompagnement diplomatique dans la sphère méditerranéenne, sans songer à se remémorer par complaisance ou par ignorance le rôle restrictif de M. Hariri dans le domaine de la liberté de la presse au Liban.

Au diapason de la classe politique, des grands commis de l’Etat participeront de cet engouement généralisé. Il était alors de bon chic de graviter dans les parages de Rafic Hariri au point que tel responsable du pôle radiophonique n’hésitera pas à se livrer à une laborieuse acrobatie juridico-financière pour faire acte de présence à Beyrouth, allant même jusqu’à solliciter le concours du groupe Hariri, l’adversaire le plus direct des ondes françaises au Moyen-Orient, pour la réalisation de son objectif. L’autorité de tutelle aura toutes les peines du monde à le faire renoncer son projet, jugeant «embarrassant» ce «curieux montage» et «strictement dangereux» ce «micmac libanais» (4).

Qu’un rappel à l’ordre se soit imposé pour inviter à la retenue un fonctionnaire d’autorité donne la mesure de la déperdition de la traditionnelle rigueur au sein du corps des grands serviteurs de l’état.

Sauf à y voir la marque d’une ductilité, tant de prosternation devant le nouveau «Mamamouchi libanais», au delà d’ailleurs de l’attente de l’intéressé lui-même, donne la mesure de l’érosion du sens de l’état au sein de la haute administration française. Sauf à y voir la marque d’une serviabilité extrême, tant de révérence au mépris des intérêts primordiaux du pavillon français débouchera immanquablement sur un naufrage. Le fleuron de la présence française dans le monde arabe, le module RMC-MO-RFI, sera supplanté par Radio Hariri et la concurrence anglo-saxonne dans les principaux points d’articulation de la politique française au Moyen-Orient: Le Caire, Beyrouth et Damas où Radio Orient compte sept fois plus d’auditeurs que sa rivale française (21% pour Radio Orient, contre 3% pour RMC MO) (5). Le verdict est sans appel, le camouflet absolu.

Exaltante, la perspective d’appartenir au cercle ultra restreint des «heureux élus» primait alors toute autre considération quand bien même ce sentiment illusoire est par essence éphémère. Rafic Hariri succombera à son tour à cette griserie, songeant, semble-t-il, à un destin de médiateur régional, entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, la Syrie et la France, l’Egypte et les financiers internationaux. Négligeant les effets corrosifs de la déconfiture électorale de son partenaire français et le règne crépusculaire de son parrain saoudien, faisant fi du ressentiment de la population libanaise, Rafic Hariri mû par un sentiment de prépotence défiera sur leur chasse gardée les vieux caciques de la politique régionale qui observaient avec une pointe d’amusement ce vizir libanais se cherchant un rôle de grand vizir. Tant d’insolence finira par agacer. Un couperet finira par sanctionner ce péché d’orgueil, mettant brutalement un terme à la période de lévitation politique de M.Hariri, provoquant par voie de conséquence un collapsus de la politique française au Levant. L’erreur de casting était manifeste.

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(*) René Naba, journaliste-écrivain, auteur de «Aux origines de la tragédie arabe», Editions Bachari, Juin 2006.

Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP (1980-1990), ancien conseiller du Directeur général de l’Information de RMC-Moyen Orient (1989-1994), René Naba est, en outre, l’auteur des ouvrages suivants :

- «Guerre des ondes, Guerre des religions, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen», L’Harmattan 1998

- «Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre», L’ Harmattan 2000

- «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», L’Harmattan 2002

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Source :

http://renenaba.blog.fr

7:47 PM  

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