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Forum de la section presse information de l'IHECS (Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales)

25 janvier 2007

Sarko vs Ségo


Sarko, Ségo, deux ovnis pour une présidentielle

Par Roselyne Febvre


Ils sont jeunes, populaires dans les médias et les sondages. Les Français les ont surnommés « Sarko » et « Ségo ». Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, deux présidentiables pour 2007. Deux candidats déclarés, qui ne s’aiment pas mais qui ont le même désir : révolutionner la politique française.

Ségolène Royal serait-elle une tueuse d'éléphants ? Des éléphants qui se retrouvent KO après 6 semaines de débats intenses. Son tableau de chasse est impressionnant : deux anciens Premiers ministres Laurent Fabius et Lionel Jospin, qui s'était effacé devant la popularité de la reine des sondages et Dominique Strauss-Kahn brillant ancien ministre de l'économie. Car l'envie de renouveau a été si forte que le parti ne lui a même pas fait payer la vidéo dans laquelle elle critiquait les enseignants. Les militants ont donc clairement affiché leur " désir d'avenir ". Une gauche renouvelée, modernisée. Fini, donc le temps de l'oligarchie et des élites " donneuses de leçons ". Le PS qui s'était mis sous respirateur automatique s'offre un lifting et montre l'exemple en désignant une femme pour briguer la fonction suprême. Ses adversaires qui ne croyaient pas à la victoire de Ségolène avaient lancé perfidement qu'une élection " n'était pas un concours de beauté ". Ils avaient aussi doctement prévu que la bulle médiatique qui entourait " la madone " n'allait pas tarder à éclater. Or la bulle a tenu le choc.

Mais si Ségolène Royal a gagné cette première bataille, la guerre s'annonce difficile. La gauche va se rassembler derrière elle, même si certains, au fond d'eux mêmes, préfèreront voir gagner la droite plutôt qu'elle. Le fameux TSS le " tout sauf Ségolène ". Syndrome dont souffre aussi à droite Nicolas Sarkozy. Le patron de l'UMP, probable candidat, va devoir affronter deux ennemis : ceux de l'extérieur (la gauche) et de ceux de l'intérieur (ses amis chiraquiens qui ne lui feront aucun cadeau).

Pour le leader de l'UMP Ségolène Royal est l'adversaire la plus redoutable et le plus dangereuse. Une candidate qui va l'obliger à se repositionner. D'abord sur la forme. La situation est inédite en France. Jamais aucun homme politique n'a eu à affronter une femme dans un parti leader comme le PS. Il est donc impératif que ministre de l'intérieur change de vocable. Dans le monde violent de la politique il lui faudra trouver le ton. On ne s'adresse pas de la même façon à une femme. Il pourrait très vite apparaître comme machiste (des armes dont a usé Ségolène lors des primaires face à ses compétiteurs).

Sur le fond, les deux candidats incarnent le renouvellement politique. Ils ont le même âge. Tout deux prônent la rupture. Avec une différence : Nicolas Sarkozy la promet quand Ségolène Royal la pratique. La socialiste qui s'est révélée être une excellente stratège applique la " triangulation ". Tactique qui consiste à faire la politique de ses adversaires. Tony Blair et Bill Clinton l'avait pratiqué avec le succès que l'on connait. En trouvant le slogan " l'ordre juste " et l'encadrement militaire des jeunes militants, la socialiste chasse sur les terres de Sarkozy. Une stratégie qui va obliger le patron de l'UMP à se repositionner et à inventer lui aussi un concept. Un risque que ces deux-là entrent dans la surenchère démagogique et populiste. N'oublions pas que les président s précédents avaient aussi été élu sur une idée forte. " La Force tranquille " pour François Mitterrand et " la fracture sociale " pour Jacques Chirac.

-->Source : France24.com