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Forum de la section presse information de l'IHECS (Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales)

29 août 2006

Nouvelle icône ?
(29/08/06-Ben Heine)

Je vous recommande la lecture de ce texte paru le 10 août dernier dans La Libre Belgique, il donne un éclairage sur la manière dont Hassan Nasrallah est devenu une "nouvelle icône" dans le monde arabo musulman et plus particulièrement auprès des chiites.

Pour l’information, un très bon dossier sur la guerre israélo-libanaise est également à lire dans le Courrier International de cette semaine (semaine du 24 au 30 août). Il traite des inconnues de l’après guerre, de la fragilité de la trêve, de la stratégie du Hezbollah et enfin de l’avenir du gouvernement Olmert. Bonne lecture…


Hassan Nasrallah,
nouvelle icône du monde
arabe et musulman
Du Maroc à l'Indonésie, pour des chiites comme pour des sunnites, Hassan Nasrallah, le chef du parti chiite libanais Hezbollah, est devenu le symbole de la résistance contre l'Etat hébreu.

«Allah, Allah, donne la victoire à Hassan Nasrallah», «Nasrallah bien-aimé, détruis Tel-Aviv»... Des slogans récurrents lors des manifestations en faveur du Hezbollah, au Maroc, au Koweït ou en Jordanie, seul pays arabe, avec l'Egypte, à avoir signé un traité de paix avec Israël.
Au Liban, si de nombreuses personnes accusent Hassan Nasrallah d'avoir entraîné le pays dans une guerre qu'il ne voulait pas, beaucoup d'autres continuent de le soutenir, même au milieu des décombres. «Il n'y a que Nasrallah qui se soucie de nous», estime Ali Rmeiti, dont toute la famille a été tuée dans un bombardement israélien dans la banlieue chiite de Beyrouth.

Hassan Nasrallah s'était déjà assuré une popularité certaine au Liban et dans le monde arabe lors du retrait israélien du Liban-Sud en mai 2000. Il est, en effet, considéré comme l'artisan de ce retrait effectué après 22 ans d'occupation.
Mais les admirateurs du chef du Hezbollah ont trouvé d'autres moyens pour lui rendre hommage que de manifester dans les rues. Une petite Libanaise, née il y a deux semaines à Damas après la fuite de sa mère du Liban-Sud, a été prénommée «Promesse tenue», du nom donné par Nasrallah aux opérations du Hezbollah après la capture, le 12 juillet, de deux soldats israéliens à la frontière.

Plusieurs enfants mauritaniens portent désormais le nom du dirigeant chiite. A Nouakchott, des photographies de Nasrallah se distribuent par centaines. Ses interventions à la télévision sont religieusement suivies, faisant même diminuer le trafic routier dans la capitale.

Un pont nommé Nasrallah

Au Pakistan, «sayyed Nasrallah» -titre donné aux descendants directs du prophète- a beau ne pas être aussi populaire qu'Oussama Ben Laden, ses portraits, barbe fournie et turban noir, sont brandis lors des manifestations anti-israéliennes, de plus en plus fréquentes.
En Afghanistan, où la population est majoritairement sunnite, le soutien à Nasrallah ne cesse de croître, tandis qu'au Bangladesh, un nouveau pont traversant un fleuve au sud de Dacca a reçu le nom du parti libanais.

Mais les portraits de Nasrallah ont aussi fleuri dans les capitales européennes. A Londres, de jeunes manifestants ont chanté «Nasrallah, détruis Tel-Aviv», tandis qu'à Vienne, des enfants se sont fait photographier à côté de portraits du leader chiite.
L'Espagne n'est pas en reste: le responsable de l'Union des communautés islamiques d'Espagne, Riay Tatary, est loin de condamner les activités de Nasrallah, estimant qu'il est un leader «qui lutte pour libérer sa patrie».
La Libre Belgique (10/08/06)

28 août 2006

Soutien iranien au Hezbollah? Analyse...

"Hezbollah, un Etat dans l'Etat?"
(Août 2006-Ben Heine)
Hezbollah,
une internationale liée à l'Iran

Texte de Laurence Louër, chercheur au Ceri (Sciences Po)

Dans les milieux islamistes chiites, le terme Hezbollah désigne une mouvance internationale faite d'organisations et d'individus qui seconnaissent, entretiennent des relations régulières et, surtout, sont liés par une relation organique à l'Iran. Cette relation organique la distingue d’autres courants islamistes chiites. Le parti iraquien Daawa, par exemple, entretient avec Téhéran une relation essentiellement tactique basée sur la défense d'intérêts ponctuels communs et non surune dépendance financière ou idéologique. Contrairement à la mouvance Hezbollah d’ailleurs, Daawa n'adhère pas au principe du gouvernement du docteur de la loi (wilayat al-faqih) qui fonde la République islamique d'Iran. Si ses dirigeants révèrent l'ayatollah Khomeyni pour le rôlepolitique et religieux central qu'il a joué, ils ont d'autres référencesreligieuses tout aussi importantes, en particulier l'Iraquien Mohammed Baqer al-Sadr, assassiné par le régime de Saddam Hussein en 1980, maisaussi le Libanais Mohammed Hussein Fadlallah.
La mouvance Hezbollah est née au début des années 1980 de la volontéiranienne d’exporter la révolution islamique dans le monde musulman. Sous différents noms, les Hezbollah sont présents dans les monarchies du Golfe, en Afghanistan, au Pakistan, en Iraq. Organisations à part entière ou réseaux d’individus, les Hezbollah se caractérisent tous parune tendance marquée à se positionner à l’extrême du spectre politique. La crise libanaise vient d’en offrir une illustration en remettant sur le devant de la scène le Hezbollah du Hijaz (Arabie Saoudite) qui, le 14juillet dernier, a signé un communiqué incendiaire dénonçant « les déclarations des traîtres Al-Saoud ». Il s’agit évidemment d’une réponsedirecte à la condamnation par le régime saoudien des conséquences désastreuses de l’aventurisme du Hezbollah libanais et de ses soutiens étrangers, référence à peine voilée à la Syrie et surtout à l’Iran. L’Arabie Saoudite, qui a été une cible privilégiée de la stratégie d’exportation de la révolution dans les années 1980, voit évidemment d’un mauvais œil la quête d’hégémonie régionale iranienne. Sa déclaration équivaut virtuellement à une prise de position contre l’Iran sur le dossier nucléaire.
Contrairement à d’autres mouvances islamistes chiites saoudiennes, le Hezbollah saoudien dispose d’une base populaire réduite, s’apparentant plus à un groupuscule sans stratégie politique claire autre que le recours régulier au terrorisme avec l’appui des durs du régime deTéhéran. On le soupçonne en particulier d’être à l’origine de l’attentat contre le camp militaire américain d’al-Khobar en 1996. Depuis, le groupe a choisi de faire profil bas. Sans s’associer directement au processus de réconciliation entre les Al-Saoud et les islamistes chiites de la Shiraziyya, une mouvance rivale, ils ne l’avaient pas condamné ouvertement. Le communiqué rompt avec cette stratégie, signalant sans doute la volonté iranienne d’adresser un message clair à son voisin et aux Etats-Unis dont il est toujours un partenaire privilégié. En bref, il s’agit de signifier que, comme au Liban, l’Iran dispose des instruments pour frapper les Occidentaux et leurs alliés là où cela peut leur faire le plus mal. Le Hezbollah du Hijaz est en effet principalement implanté dans la Province Est du royaume saoudien, là où réside sa population chiite mais surtout là où se situent ses réservesen hydrocarbures.
Contrairement à son homologue saoudien, le Hezbollah libanais est un parti politique de masse qui pèse d’un poids considérable sur la scène politique libanaise. Il a non seulement contribué fortement au départ de Tsahal du sud du pays mais a également développé des réseaux caritatifs qui profitent aux Libanais les plus modestes, y compris chez les non-chiites. C’est ce qui explique que malgré sa relation organique avec l’Iran, et contrairement au Hezbollah du Hijaz, le Hezbollah libanais est devenu au fil des années un acteur relativement autonome par rapport à son mentor. Les pasdarans, membres du corps des Gardiens de la révolution en Iran, encadrent les opérations de l’aile militaire du Hezbollah mais n’interviennent pas dans la prise de décision au sein de la branche politique représentée au Parlement. Ces dernières années, les observateurs avertis ont d’ailleurs convergé pour parler d’une «libanisation » du Hezbollah, soulignant à quel point il était devenu un facteur d’entretien du système confessionnel qu’il avait au départ combattu. Il a ainsi aujourd’hui renoncé à son objectif initial d’établir une république islamique et s’est rangé à l’avis que le maintient de l’équilibre entre les dix-sept communautés religieuses libanaises était le meilleur garant de la stabilité du Liban.
Ce processus de nationalisation s’est opéré parallèlement à une révision des objectifs initiaux de la politique étrangère iranienne. Les pragmatiques iraniens qui sont arrivés au pouvoir après la mort de Khomeyni ont desserré les liens avec la constellation des mouvements révolutionnaires étrangers financés par l’Iran. Priorité a été donnée au rétablissement de la confiance dans les relations avec le monde arabe. Tout en ne coupant pas les ponts avec le Hezbollah, l’Iran a donc réduit ses financements, en particulier après la fin de la guerre civile en 1991. La guérilla persistante du Hezbollah contre Israël contribue certes à son prestige au sein du monde musulman et lui donne une carte dans le jeu proche-oriental, mais sa première raison d’être est de renforcer la légitimité et l’emprise du parti chiite sur la scène libanaise.
La crise actuelle pourrait cependant marquer un tournant. Il est difficile de dire si l’Iran a directement instigué l’enlèvement des deux soldats israéliens. Le fait qu’il y ait un intérêt objectif n’en fait pas pour autant un commanditaire. En revanche, il est vrai que l’arrivée au pouvoir de Mahmud Ahmadinejad il y a un an maintenant et le bras de fer qui l’oppose à la communauté internationale sur le dossier nucléaire pourrait amener l’Iran à vouloir resserrer son emprise sur le Hezbollah libanais. Cela est-il dans l’intérêt du Hezbollah lui-même ? Non au vu de la réaction d’Israël à ce qui n’avait probablement été au départ conçu que comme un énième acte de guérilla sans conséquence majeure. La destruction des infrastructures libanaises et l’exode des populations du sud Liban ne peuvent qu’entamer sa légitimité auprès des Libanais, les chiites y compris. En se faisant l’instrument des ambitions iraniennes, le Hezbollah risque de tout perdre, cela d’autant plus que la politique étrangère de l’Iran a toujours été caractérisée par de nombreuxrevirements et volte-face.
Texte de Laurence Louër, chercheur au Ceri (Sciences Po)
Cliquer ici, pour voir l'article sur le Net.

16 août 2006

Guerre au Liban:
Il ne faut pas confondre
"terrorisme" et "résistance"
Quel est le bilan de cette guerre
menée par Tsahal contre le Hezbollah?
L'armée israélienne a échoué à :
-Ramener ses 2 soldats prisonniers
-Détruire le Hezbollah
-Atteindre la rivière Litani
-Stopper les tirs de roquettes contre Israël
L'armée israélienne a réussi à :
-Tuer plus de 1000 civils
-Déplacer 100 000 civils
-Détruire tous les ponts au Liban
-Poluer la mer libanaise
-etc.
A quand la paix?

(15/08/06-Ben Heine)

02 août 2006

Guy Verhofstadt

( 01/08/06-Ben Heine)